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Il investit 2,5 millions d’€ dans l’acquisition de lignes de pose et équipements périphériques. Ce développement, étalé sur 2014 et 2015, offrira au sous-traitant bourguignon d’importants gains de productivité et améliorera l'ergonomie des postes de travail.
Serge Brigot sait mieux que quiconque que l’immobilisme dans son métier de sous-traitant en traitement de surface le condamnerait à brève échéance. Pour doper sa productivité, il conduit un important programme de robotisation de son entreprise, spécialisée dans l'électrolyse de pièces en plastique et implantée à Sens (Yonne), sur la zone des Vauguillettes.
« En partenariat avec la société Siléane (6 millions d'€ de chiffre d'affaires attendu en 2014, 42 salariés), basée à Saint-Etienne, dans la Loire, nous nous équipons de lignes de pose des pièces à traiter entièrement automatisées », explique le dirigeant.
Une première vient d’intégrer les ateliers et une seconde suivra en 2015. L’investissement global s’élève à 2,5 millions d’€.
Ce chantier est gigantesque pour la PME bourguignonne (jusqu’à 14 millions d’€ de chiffre d’affaires, 100 salariés et un volant de 20 à 30 intérimaires). La mise au point et la réalisation de ce type de robots aura nécessité pas moins d’une année et un important programme de formation a été dispensé à l’ensemble du personnel. « Mais il était absolument nécessaire car notre clientèle de plasturgistes travaille essentiellement pour l’industrie du luxe : parfumerie, cosmétiques, alcools…, très exigeante », commente Serge Brigot.
Développer l’exportation directe
Les gains en rapidité, fiabilité et qualité sont inappréciables et autre avantage, l’ergonomie procurée sur les postes de travail évite les troubles-musculo squelettiques (TMS), véritable fléau médical occasionné par les tâches manuelles répétitives.
Grâce à l'amélioration du process, Graindorge, le plus gros opérateur indépendant dans son secteur, accède à une meilleure résistance, tenue à la corrosion et à un embellissement des pièces. Que ce soient pour les parfums, les boîtiers de cosmétique ou les bouteilles d’alcools de marque, les éléments du contenant comptent souvent autant que le produit lui-même. « C’est notamment le cas des bouchons que nous chromons, argentons ou dorons», précise le dirigeant. Bien installé en France dans son domaine, le sous-traitant souhaite maintenant accroître sa part d’exportation directe qui ne pèse que 8% de l’activité : Malte, Suède, Finlande, Grande-Bretagne...
Un autre défi pour asseoir la pérennité d’une entreprise que Serge Brigot souhaite relever pour transmettre à terme cette société qu’il a reprise en 1995.
Qui est Serge Brigot ?
Titulaire d’une maîtrise en chimie et d’un 3ème cycle d’une école de commerce, cet homme de 58 ans a fait toute sa carrière dans le traitement de surface. Déjà à Reims (Marne), puis chez Graindorge où il débarque comme directeur en 1991 avec pour mission de construire une nouvelle usine. L’entreprise appartient alors à un groupe de cartonnage qui la revend quelque temps après à un autre peu intéressé par son activité. Aidé par Madame Graindorge, représentante de la famille fondatrice, il la rachète en 1995 et, quatre ans plus tard, investit 6,1 millions d’€ dans une nouvelle unité, soit une année du chiffre d’affaires de l’époque.
Motivé par le développement, Serge Brigot, administrateur de l’Union des industries de technologie de surfaces, porte un regard critique sur les différentes politiques industrielles conduites depuis plusieurs décennies. « Elles sont lamentables et expliquent notre déclin progressif, car nous avons écoeuré des générations entières en leur disant : si tu ne réussis pas dans tes études, tu iras à l’usine. Voyez aujourd’hui le résultat ».
S’ajoutent à ses yeux, une fiscalité confiscatoire autant qu'aléatoire, une prédominance outrancière de la finance et une très mauvaise relation des mentalités françaises à l’argent.